"FRANK HORVAT: STRIP-TEASE". Catalogue. Galerie Dina Vierny, Paris. 2001.
Ref LPB1137
FRANK HORVAT: STRIP-TEASE
"FRANK HORVAT: STRIP-TEASE". Catalogue. Galerie Dina Vierny, Paris. 2001. Grand in-8 carré, dos droit, couverture souple cartonnée photo à rabat. Non paginé (24p). Texte en français du photographe, illustré de 15 reproductions photographiques noir & blanc, hors texte, par Frank Horvat. Ouvrage réalisé dans le cadre de l'exposition éponyme à la Galerie Dina Vierny, Paris, en Octobre 2001.
"C'était le temps béni d'avant la révolution sexuelle. Marthe Richard venait de fermer les maisons closes, Christian Dior rallongeait les jupes et les Américains venaient à Paris voir du strip-tease, importé pourtant de chez eux, mais tellement plus croustillant dans les boîtes de Pigalle. L'effeuillage s'arrêtait, police des mœurs oblige, à la coquille dorée, argentée ou étoilée de pacotille, qui cachait impudiquement le sexe des artistes et sans laquelle, à les entendre, elles se sentaient dénudées. En ce qui me concerne, je ne m'étais pas encore aperçu que je vivais « au siècle du corps » - comme devait s'intituler, quarante ans plus tard, une exposition de photographies, où l'une des présentes images allait se trouver en bonne place - et je n'avais aucune intention d'enquêter sur ce thème. Mais je venais de m'établir à Paris, les commandes n'étaient pas légion et il m'était difficile de refuser celle d'un « men's magazine » de New York, qui proposait deux cents dollars pour un reportage sur la « vie parisienne ». Sur les trottoirs de Pigalle, les portiers galonnés m'adressaient des mimiques de bienvenue, vite transformées en moues dédaigneuses dès que j'exprimais le souhait de photographier derrière les coulisses. A deux heures du matin, ayant essuyé les refus de tous les établissements de la place et des ruelles voisines, je décidai de passer aux grands moyens. Je glissai un billet de cinq mille francs - de l'époque - dans la main du portier du Sphynx, bien que les néons de ce local fussent un peu dégarnis et l'uniforme de l'homme pas tout neuf. Ce furent peut-être ces imperfections qui le décidèrent à empocher l'argent et à me faire entrer, sans autre cérémonie dans le sanctuaire des strip-teaseuses. Ces demoiselles me firent plutôt bon accueil, peut-être parce que le public, ce soir-là, était si morne que le seul fait qu'un paparazzo s'occupe d'elles leur donnait un petit sentiment d'importance…"
Ref LPB1137
