"LUCIEN CLERGUE : 30 ANS DE PHOTOGRAPHIES 1954-1984". Collectif. Editions Paris Audiovisuel – Les Amis du Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris. 1984. Grand in-8 carré, dos droit, couverture souple cartonnée photo. 94 pages. Texte en français de Françoise Marquet et de Michel Tournier, illustré de nombreuses reproductions photographiques, 51 en noir & blanc et 6 en couleurs, hors-texte, par Lucien Clergue. Ouvrage réalisé dans le cadre de l'exposition éponyme au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris du 24 Octobre 1984 au 07 Janvier 1985.

 

"L'œuvre de Lucien Clergue se situe à un confluent. Le confluent d'une certaine géographie, celle du pays arlésien, et d'une certaine histoire, la sienne. Les hommes disposent en général à leur naissance d'un capital de bonheur : leur enfance. Ce capital de bonheur, ils le conservent jusqu'à leur mort et ils viennent y puiser régulièrement pour y trouver l'espoir et la lumière. Ce privilège, je crois, fut refusé à Lucien Clergue. Il a eu une enfance âpre, difficile, aux côtés d'une mère dont il voyait la santé se dégrader inexorablement. On peut même se demander s'il a eu une enfance. Ce capital bonheur, il l'a maintenant, et il y puise espoir et lumière, mais ce n'est pas un capital donné, c'est un capital construit, un bonheur qu'il a construit lui-même pierre par pierre et qu'il ne cesse d'enrichir, de telle sorte que ce qui était au départ un malheur et une disgrâce est devenu un très grand privilège. Ses premières photographies ont ceci de particulier que ce sont des photographies grises, des images faites sans soleil. Il s'agit d'un groupe d'enfants costumés qui paraissent échappés à la "commedia del arte" italienne, mais qui sont accablés par le paysage de ruines qui les entoure. C'était au lendemain de la guerre. Arles avait été en partie détruite par les bombes. Mais cette tristesse est aussi celle de l'enfance de Lucien Clergue, un rêve qui ne décollait pas du sordide réel, un miracle raté. Déjà nous trouvons confondus deux destins, celui d'un homme et celui de sa ville natale. Et puis il est allé plus loin…" Extrait de "Mers, plages, sources et Torrents, arbres" de Michel Tournier.

 

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