"MAN RAY" par JANUS. Collection "L'Art de notre Temps" dirigée par Ezio GRIBAUDO. Editions Fratelli Fabbri, Milan & Le Livre de Paris, Bagneux. 1973. Imprimé en Italie. in-4, couverture toilée kaki sous jaquette illustrée en couleurs, sous emboitage toilé kaki. Non paginé (200p). Textes en français, essai critique de Janus, traduit de l'italien par Claude Ciccione, préface pour un roman imaginaire, texte inédit de Man Ray, traduit de l'anglais par Alain Jouffroy, illustré de très nombreuses reproductions photographiques, noir & blanc et couleurs, pleine page pour la plupart, de 189 œuvres de Man Ray.

 

"Au moment d'ouvrir cette bouteille de liquide noir et informe, mais prêt pourtant à assumer toutes les formes que je peux décider de lui donner, et alors même que je désire changer sa forme mais jamais sa couleur, je ne peux m'empêcher de m'étonner des torsions et des chemins que va prendre l'encre docile. Vous trempez soigneusement votre plume dans le réservoir et, tout aussi soigneusement, vous l'appliquez sur le papier pour dessiner une ligne : avec tout votre savoir et toute votre expérience derrière vous, vous entendez, pourtant, que tout ce savoir, toute cette expérience soient enregistrés par la ligne, et deviennent complètement évidents, pour l'esprit le moins imaginatif. Aussi fantasque et improvisée que puisse être cette ligne, vous êtes persuadé qu'elle ne peut manquer d'impressionner et de faire naître un certain respect parce qu'elle s'appuie sur une longue habitude. Indépendamment du plaisir sensuel personnel que vous tirez du fait de dessiner la ligne, vous ne perdez pas de vue le but final auquel vous visez - une sorte de propagande, avec vous-même comme marchandise à vendre. Personnellement, je ne fais aucune objection à ce genre de propagande, car je l'ai pratiquée toute ma vie : c'est un grand compliment que je fais au public, puisque, lançant un appel à son attention, je dois dans une certaine mesure, la valoriser. Avec cette excuse et cet expédient, il est possible de pénétrer dans les déviations qui m'ont causé tant d'étonnement…" Extrait de "Préface pour un roman imaginaire" par Man Ray (1944).

 

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